Bibracte-Mont-Beuvray - Glux-en-Glenne / Saint-Léger-sous-Beuvray

Au premier regard, le mont Beuvray se signale par sa couverture arborée et sa forme arrondie qui se détache sur l’horizon. C’est l’un des sommets du Morvan et l’un des vingt-et-un Grands Sites de France. Au cœur du Parc naturel régional, la forêt du Beuvray recouvre les vestiges de l’antique Bibracte. Année après année, les archéologues dévoilent les vestiges de cette vie passée. Par leurs investigations de terrain, ils créent des trouées dans la riche végétation qui, peu à peu, laisse voir l’empreinte en creux d’un monde à jamais disparu. Sans faire une halte au musée de Bibracte, difficile d’imaginer que le lieu ait pu accueillir entre
5000 et 10 000 habitants à une période charnière de notre Histoire : le moment où la Gaule entrait dans l’orbite de Rome. Capitale éphémère du puissant peuple des Eduens, Bibracte fut un centre artisanal, commercial et politique de premier ordre au 1er siècle avant notre ère.
L’écoulement du temps se traduit par un empilement de couches laissées par les différentes occupations qui se sont succédées sur le site. Visant à en retracer l’histoire, la stratigraphie est le principe fondamental de la fouille. L’édification d’une rue ou d’un rempart, la construction d’une maison et sa destruction violente ou son lent abandon laissent en effet des marques spécifiques dans le sol. Avec le temps, ces « événements » se sont métamorphosés en traces matérielles que les archéologues s’efforcent de décrire dans les moindres détails au moment de leur dégagement. Celui-ci précède le plus souvent leur destruction, inévitable pour accéder aux couches plus profondes et plus anciennes. Tout un arsenal d’outils est mobilisé pour enregistrer ces traces fragiles et leur éviter de tomber dans l’oubli. La réunion de toutes ces transcriptions crée la mémoire du chantier de fouille.
A Bibracte, ce sont des chercheurs et des étudiants venus de toute l’Europe qui collaborent pour tenter de comprendre les mécanismes du développement de la ville celtique. Le fruit de leur travail est présenté au musée où l’exposition permanente associe aux objets des supports variés (dioramas, maquettes, plans, photographies et dispositifs numériques) pour rendre compte des méthodes de l’archéologie et de la façon dont on construit un récit du passé à partir de traces matérielles exhumées sur le terrain.
Bibracte est un lieu d’expérimentation, tant en matière de muséographie et de méthodes de recherche que de mise en valeur des espaces archéologiques et naturels. Dans ce contexte, présenter au public des œuvres d’art contemporain contribue à montrer que la démarche archéologique n’est pas tournée vers elle-même, mais qu’elle est au contraire au service des enjeux de notre temps. La sculpture GEOT, installée dans le quartier des anciennes forges, évoque d’une part le souvenir des artisans d’autrefois et, comme une indestructible branche d’acier dans son environnement végétal, elle fait référence d’autre part à la mort des arbres sur le Mont Beveray.

Vincent Guichard
Archéologue, directeur général de Bibracte EPCC
Eloïse Vial
Archéologue, responsable de l’action culturelle et de la photothèque de Bibracte EPCC
www.bibracte.fr